lundi 5 novembre 2007

À deux pas de la mort

Article publié le 2 novembre dernier dans l'hebdo indépendant Accès Laurentides



Le soleil s’évanouit dans l’eau du Gange à Varanasi pendant que la pleine lune sur le bleu délavé du ciel guide notre marche. Par hasard, nous croisons un couple de Québécois. Comme nous, ils se sont jeté tête première dans la folie indienne. Rapidement, les anecdotes se bousculent. Nos expériences quoique distinctes semblent se fusionner et ça nous fait rigoler. Nos voix s’emportent : «Crazy India !»

Oups.

Nos éclats de rire se heurtent soudain au silence de mort qui inonde les lieux. Une fumée grisâtre nous prend à la gorge. Tout près de nous, un feu. Tout près de nous, un corps qui brûle. Celui d’une jeune femme.



À la fois cité de la vie et de la mort, Varanasi est le haut lieu de la religion hindouiste. 60 000 pèlerins y débarquent chaque jour pour prendre part à une cérémonie, le plus souvent celle de la crémation d’un membre de la famille au lever ou au coucher du soleil. Selon le credo hindou, ceux qui se font incinérer sur les berges du Gange dans cette ville sainte jouissent d’un privilège: celui d’aller directement au paradis et de mettre fin au cycle des réincarnations.

Nous en avions entendu parler. Mais le voir en direct, c’est autre chose. Autour de ce qui s’apparente tout bonnement à un feu de camp se tiennent les membres masculins de la famille. Les femmes ne peuvent plus assister à la cérémonie pour deux raisons : elles pleuraient trop et parfois, elles s’immolaient carrément lors de la crémation de leur mari pour se conformer à la croyance selon laquelle elles ne sont plus rien sans leur conjoint. Maintenant, une loi leur interdit ce type de suicide.

Même si d’autres touristes assistent à l’événement, je ne peux m’empêcher de me sentir voyeuse. J’ai l’impression de dérober l’âme de quelqu’un dans son dernier voyage. Pire : mes yeux ne peuvent se détacher de la jambe bien raide qui émerge des flammes.

Aaargh…

Un homme armé de deux longs bâtons replace la dite jambe dans le feu. Chacun son métier, mais le sien est bien particulier : il doit veiller à brûler les corps qui sont amenés ici. Il ne le fait pas par plaisir, mais plutôt parce que c’est son karma. Il fait parti de la caste la plus inférieure chez les Hindous, celle des Intouchables. 15 ans auparavant, ces gens n’avaient pas le droit de fréquenter les lieux publics avec le reste de la population, ni même la grâce de pénétrer dans un temple. Aujourd’hui, ils possèdent tous ces bénéfices, mais on pose encore sur eux un regard de dégoût.

Un peu plus loin, on commence à «apprêter» un nouveau corps. Bien vite, la plage se remplira de ces crématorium et des familles venues bénir leur défunt. Soudain, ce qui me semblait barbare et saugrenue, m’apparaît comme un rite magique où l’aboutissement d’une vie prend vraiment tout son sens sur les berges du fleuve sacré. Tout sourire, je me tourne vers mes nouveaux amis québécois : «La soirée est jeune. Nous devrions aller en profiter !» Il ne faudrait surtout pas oublié que Varanasi est aussi la cité de la vie…


3 commentaires:

guilalon a dit…

Moi et mon ami Jessy ont a trouvé ca un peu effrayant parce que une femme qui se fait bruler cest pas tres amusant a lire.



De:Guillaume et Jessy

guilalon a dit…

Moi et mon ami Jessy ont a trouvé ca un peu effrayant parce que une femme qui se fait bruler cest pas tres amusant a lire.



De:Guillaume et Jessy

guilalon a dit…

Moi et mon ami Jessy ont a trouvé ca un peu effrayant parce que une femme qui se fait bruler cest pas tres amusant a lire.



De:Guillaume et Jessy